L’AAFA-Actrices et Acteurs de France Associés, s’interroge sur le geste de l’Académie des Césars, d’avoir attribué 12 nominations au film d’un homme qui a été accusé de viol, condamné pour « détournement de mineure » et qui, après avoir purgé sa peine, s’est enfui du pays qui l’avait condamné, pour échapper à une éventuelle requalification des faits. 

Il est encore à ce jour sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
Les différentes affaires, depuis #metoo, qui traversent le cinéma français, et malgré la prise de parole courageuse et politique d’Adèle Haenel, ont bien du mal à se faire entendre dans le monde audiovisuel français. C’est pourquoi nous sommes surpris que l’Académie des Césars fasse comme si de rien n’était et, décidément, sépare l’homme de l’artiste.

Nous nous interrogeons sur la portée de ce geste fort et quel sens cela a-t-il pour le monde du cinéma, pour les actrices et les acteurs qui vont continuer à subir les harcèlements de ceux dont on aura séparé les actes sociaux, physiques et psychologiques violents et destructeurs de nombreuses vies, de leurs capacités artistiques. Quel sens cela a-t-il pour ceux-là même qui pourront toujours se dire que leur talent les sauvera ?

Nous nous réjouissons d’apprendre que, depuis ces nominations et les différentes réactions qu’elles entraînent, l’Académie va mettre en place la parité chez ses membres et dans son conseil d’Administration, mais nous nous interrogeons vraiment, et nous aimerions avoir une réponse claire. Pour que les actrices et les acteurs, et au-delà, tous les métiers du cinéma, puissent avoir, sur chaque projet, des relations professionnelles respectueuses, dignes et non sexualisées.

A cette fin, l’AAFA-Actrices et Acteurs de France Associés, à travers sa commission AAFA-Soutiens dédiée aux affaires de harcèlement, a écrit une Charte de Conduites qu’elle propose d’accoler à chaque contrat sur chaque projet. Afin que cette parole soit portée encore et encore. Que chaque participante et participant de chaque projet, quel que soit son poste, ait lu et signé cette Charte et sache que tout le monde l’a lue et signée, afin de transformer le cercle vicieux de silence et de protection en cercle vertueux de confiance et de solidarité.

Nous ne nous portons pas en juge de M. Polanski ou de l’Académie des Césars. Nous souhaitons seulement qu’à travers ce geste, la souffrance des victimes des abus de pouvoir, notamment à caractère sexuel, ne soit pas sous-estimée.

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