Salle comble au Cinéma des Cinéaste, le 6 janvier 2017.

Nos partenaires des fictions: scénaristes, réalisateur·trices, producteur·trices, R.D.A, agents, et bien sûr comédiennes et comédiens ont répondu présents à notre appel, pour interroger  “l’étrange et fabuleux destin du personnage féminin de 50 ans”.

Pour télécharger le programme, c’est ici!

Beaucoup d’entre-vous nous ont demandé si nous comptions publier un compte-rendu des échanges. La réponse est oui, bien sûr! On y travaille…

En attendant et pour vous faire patienter, nous pouvons déjà satisfaire l’une des nombreuses demandes qui nous ont été faites à l’issue de la table-ronde: publier le discours de lancement de l’événement par Marina Tomé, responsable de la commission AAFA-Tunnel de la comédienne de 50 ans.

 

«Et voilà j’ai rejoint cette bande de courageux, d’audacieux qui ont fondé l’AAFA… Association au sein de laquelle j’ai lancé, il y a un an une commission, l’AAFA-Tunnel de la comédienne de 50 ans.

Nous sommes une quarantaine, beaucoup de femmes mais aussi quelques hommes, préoccupés comme nous de la situation pour leurs partenaires, leurs collègues comédiennes, qui disparaissent à la cinquantaine. C’est le Tunnel des 50.

Notre vécu d’actrices nous a fait cruellement prendre conscience que la femme de 50 ans est sous-représentée dans les fictions. Alors on essaye de comprendre. Qu’est ce qui se passe, qu’est ce qui nous arrive ? Enfin on sait bien ce qu’on vit, ce qui nous arrive, on est dans la merde… Mais qu’est ce qui se passe concrètement ? Il existe des personnages féminins jusqu’à disons 45/50 ans et après… Plus rien ? Plus rien. Ou presque. Avant d’avoir de nouveaux des rôles de grand mères, après 65 ans !

Vous avez sans doute entendu cette blague qui circule depuis un moment : « Les femmes à partir de 50 ans développent un super pouvoir, elles deviennent invisibles. Surtout a l’écran». Et bien si l’AAFA-Tunnel de la comédienne de 50ans, est labellisé par le ministère des droits des femmes, dans l’opération SEXISME, PAS NOTRE GENRE, c’est parce que le but de cette campagne , c’est justement de rendre visible ce qui est invisible.

Alors on questionne ce phénomène d’invisibilité. Et c’est comme ça qu’on a découvert et ça, ça nous a scié… On a découvert que aujourd’hui en France, c’est les chiffres de l’INSEE 2016 : Aujourd’hui en France une femme majeure sur deux, a plus de 50 ans. Allo je répète ? Une femme majeure sur deux a plus de 50 ans ! Quand on a trouvé ça, on a halluciné. Quoi ? On n’arrêtait pas de se répéter la phrase dans tous les sens, une femme majeure sur deux, attend une femme majeure sur deux, en France, a plus de 50 ans… Mais alors, pourquoi on ne nous montre pas ? Pourquoi cette invisibilité, alors que les femmes de 50 ans, existent bel et bien dans la réalité ?!

Depuis un an, on cherche, on retrousse nos manches, on nomme le problème, on arrête avec l’omerta. «Avec l’âge, les hommes mûrissent et les femmes vieillissent», disait Simone Signoret. C’est malheureusement toujours d’actualité. Ce qui veut dire concrètement, que les gros plans des femmes vieilles sont moches alors que les gros plans des hommes mûrs, sont beaux ? Donc les femmes à l’image ont deux solutions soit être jeunes, soit rester jeunes. Surtout ne pas faire son âge, comme si c’était une victoire, comme s’il était illégal de correspondre à son âge, c’est absurde… Et c’est violent.

Le dernier casting que j’ai reçu pour un téléfilm, annonçait mon personnage ainsi : « une cinquantenaire, sans sexe et sans âge »…

J’ai fait de mon mieux et malheureusement… J’ai été prise. En fait, « les femmes de 50 ans étant sous-représentées dans les fictions, notre psychisme comble ce vide par des clichés qui datent d’une autre époque ». On a vu passé un autre casting récemment : « cherche Rosa, 60 ans, la grand-mère gâteau, façon La boom »… Mais lorsque Denise Grey a tourné La boom, elles avait 83 ans ! Pas 60 !!! Les quinquas d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec celles d’hier.

Alors on retrousse nos manches, il s’agit de mettre en lumière les stéréotypes sexistes liés à l’âge qui sont reproduits de manière inconsciente dans les fictions. Notre but, c’est de faire bouger le curseur des représentations de femmes de 50 ans dans les fictions. C’est important, pas seulement pour nous comédiennes mais aussi pour toutes les femmes, c’est un enjeu pour la société. Qui n’est pas représenté, n’existe pas. Nos enfants ont besoin de modèles, nos filles ont besoin de modèles de femmes de 50 ans auxquels elles pourront s’identifier, notre société a besoin que les fictions lui donne à voir une représentation des femmes de 50 ans d’aujourd’hui, qu’on lui dise : voilà à quoi elle ressemble, voilà la tête qu’elle a, voilà le corps qu’elle a et voilà ce qui la traverse, la ni jeune-ni vieille, voilà ses rêves, ses ombres, ses peurs, ses audaces… La voilà, dans toute sa complexité humaine.»

                   Marina Tomé

                                                                                                                                   Responsable de l’AAFA-Tunnel de la comédienne de 50 ans.

Télécharger le document “L’étrange et fabuleux destin du personnage féminin de 50 ans.”

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