Avignon Off doit faire sa révolution.
Le Festival Off d’Avignon est un événement unique dans le paysage culturel français. Avec plus de 1500 spectacles, il est un incroyable vivier pour la création artistique et la diffusion du spectacle vivant. Pourtant il connaît depuis plusieurs dizaines d’années de nombreuses dérives : des théâtres au confort et à la qualité de service variables, prisonniers d’un modèle économique reposant sur la location de créneaux horaires aux compagnies, une population locale laissée de côté, des logements loués à prix d’or, des compagnies sortant de l’aventure exsangues…
Ce festival, où chaque théâtre conçoit sa programmation, concentre tous les enjeux artistiques et économiques de ses acteurs dans un temps réduit et dans un espace contraint par les remparts de la Cité des papes. Échappant aux idées généreuses de ses créateurs, il est devenu un marché, une foire, un ogre insatiable qui menace de dévorer ses propres enfants.
Fruit d’un impensé politique depuis ses débuts, fonctionnant sans gouvernance, sans régulation, et selon les lois de l’économie de marché, ce festival est devenu un paradoxe : il concentre les aspirations d’auteur.e.s et d’artistes qui inventent la culture de demain, et pourtant il semble passer à côté des débats et mouvements de fond qui transforment la société française.
« Être d’avant-garde c’est marcher au pas du réel », disait Guy Debord.
Comment une création artistique contemporaine peut-elle faire l’économie de penser son propre mode de production et de diffusion ? Qu’en est-il de l’impact écologique du festival, des conditions de travail des divers corps de métier qui œuvrent à son bon déroulement ? Que dire des hausses des loyers qui les rendent inabordables ? Pourquoi la diversité culturelle et sociale n’est-elle pas davantage représentée ?
Si le festival n’est pas directement subventionné, de nombreuses compagnies, sur l’ensemble du territoire, sont soutenues par l’Etat et les collectivités pour pouvoir y participer. N’est-il pas temps de nous préoccuper de l’usage qui est fait de tout cet argent public ? L’enjeu n’est pas seulement celui du Festival Off d’Avignon, mais au-delà, celui de la politique du spectacle vivant en France.
L’annulation de l’édition 2020 pour cause de pandémie et les craintes qui pèsent sur l’édition 2021 rendent l’avenir du festival incertain. Elles sont l’occasion de renverser un système à bout de souffle, et de le réinventer. Il en va de la survie du festival, et de la fierté pour les compagnies de pouvoir se produire à la hauteur de leurs exigences et pour les théâtres d’Avignon de pouvoir y répondre.
Pour nous, il est évident que si la situation sanitaire s’améliore, le Festival Avignon Off 2021 doit avoir lieu. Comment l’Etat peut-il imaginer que nous, artistes, techniciennes et techniciens, attaché.e.s de presse, directrices et directeurs de compagnies et de théâtres qui sommes des employé.e.s et des entrepreneur.euse.s de spectacles, ne serions pas conscient.e.s de la gravité de la situation actuelle et moins capables d’assurer les mesures sanitaires qui sont demandées par le gouvernement, que les entrepreneur.euse.s et employé.e.s. dans d’autres secteurs tels que ceux du commerce, de la grande distribution et de tous les autres secteurs d’activités actuellement ouverts ?
Au sein des Etats Généraux du Off (EGOFF), nous sommes 300 artistes, techniciens.nes, administrateurs.trices, directeurs.trices de théâtres, responsables de compagnies, représentant.e.s de sociétés de droits d’auteur à avoir fait le même constat. Réuni.es au sein des Etats Généraux du Festival Off d’Avignon, nous avons mis en place une organisation qui nous permet de penser le festival de demain, de façon horizontale et inclusive. Il sera issu d’une concertation collective car nous croyons le dialogue indispensable à l’émergence d’une structure plus juste et plus solidaire.
Déjà des propositions abondent, comme celle d’un label qualitatif « théâtre équitable » qui pourrait s’appliquer à des domaines aussi divers que les conditions d’accueil du public et des compagnies dans les théâtres, l’extension du festival hors des remparts du centre-ville et l’inclusion de tous les publics du grand Avignon dans les projets des théâtres et des compagnies, l’engagement des compagnies sur le respect des conventions collectives, la lutte pour la transparence des comptes, la participation à l’encadrement des prix et à la régulation des pratiques. La question de la lutte contre le réchauffement climatique est également au cœur des débats avec des réflexions sur la climatisation des salles, la mise en place de cantines bio et solidaires travaillant avec des producteurs locaux, ou encore la mutualisation des transports et du matériel technique des compagnies ou d’achats groupés pour les théâtres. Il appartient au Ministère de la Culture et aux collectivités territoriales locales interpellées à plusieurs reprises d’accompagner ce changement.
Le chantier est vaste. Nous nous laissons trois années pour mener à bien une réflexion collective qui proposera un écosystème fondé sur la préservation d’une diversité culturelle, en adéquation avec les principes d’une économie sociale et solidaire.
Avignon Off est l’un des festivals les plus importants d’Europe. Nos propositions ont pour objectif d’en faire un événement exemplaire pour la diffusion du spectacle vivant en France et pour la politique culturelle européenne. Il est temps que tous les partenaires, publics et privés, participent à la réflexion pour faire de ce festival un des moteurs du changement.
La démarche des Etats généraux du Off, initiée par le SYNAVI (Syndicat National des Arts Vivants), les EAT (écrivains associés du théâtre), les AAFA (actrices & acteurs de France associés), les Sentinelles (Compagnies du Spectacle Vivant), est accompagnée par l’Union des Scénographes, les Chorégraphes Associé.e.s, LAPAS (L’Association des Professionnels de l’Administration du Spectacle), l’ADAMI, plus de vingt théâtres avignonnais et d’une centaine d’artistes, technicien.nes, attaché.e.s de presse, dont vous trouverez la liste ci-dessous.
Parmi les signataires : Jean-Philippe Daguerre (auteur, comédien, metteur en scène), Irène Jacob (comédienne), Agnès Jaoui (comédienne, réalisatrice), Sébastien Jumel (député GDR de Seine-Maritime), Michel Larive (député LFI de l’Ariège), Virginie Lemoine (autrice, comédienne, metteuse en scène), Jean-Luc Mélenchon (député LFI des Bouches-du-Rhône), Richard Ramos (député MODEM du Loiret), Jean-Michel Ribes (auteur, metteur en scène, directeur du théâtre du Rond-Point), Michèle Victory (députée SOC d’Ardèche)
Margot Abascal (comédienne), Agnès Aboulin (directrice Théâtre de la Porte Saint-Michel – Avignon, coprésidente de la FTIA, Fédération des Théâtres Indépendants d’Avignon), Michel Alban (metteur en scène, comédien, comité de suivi des EGOFF), Kerenn Ann (autrice, interprète), Richard Arselin (metteur en scène, comédien), Emilie Audren (Comité directeur La Manufacture Collectif Contemporain – Avignon), Delphine Bagarry (députée NI Alpes de Haute-Provence), Gregory Baquet (comédien, metteur en scène), Christian Bena Toko (auteur, metteur en scène), Bruno Boutleux (directeur général de l’ADAMI), Véronique Boutonnet (comédienne, metteuse en scène, autrice), Cédric Brossard (metteur en scène), Anne Bouvier (comédienne, metteuse en scène), Anne Brochet (comédienne, réalisatrice), Sylvain Cano-Clemente (Directeur du Théâtre du Rempart – Avignon, coprésident de la FTIA), Alice Carré (autrice, metteuse en scène), Agnès Chamak (Directrice Théâtre des Brunes – Avignon, coprésidente de la FTIA), Annie Chapelier (députée Agir du Gard), Elise Chatauret (autrice, metteuse en scène), Léonore Confino (autrice, comédienne), Roger Contebardo (comédien), Alexis Corbière (député LFI de la Seine-Saint-Denis), Annabelle Couto (administratrice), Ludmilla Dabo (comédienne, metteuse en scène, autrice), Jean-Philippe Daguerre (auteur, comédien, metteur en scène), Eva Darlan (Comédienne), Harold David (Directeur Archipel Théâtre – Avignon, coprésident de la FTIA), Paul Desveaux (metteur en scène), Vincent Dheygre (président des Ecrivains Associés du Théâtre), Jean-Christophe Dollé (auteur, metteur en scène, comédien), Laurent Domingos (comédien, metteur en scène, coprésident des EGOFF, président des Sentinelles, Fédération de cies du Spectacle Vivant), Camille Dugas (scénographe), François Feroleto (comédien), Caroline Fiat (députée LFI de Meurthe-et-Moselle), Margaux Eskenazi (metteuse en scène), Grégoire Faucheux (scénographe, Union des Scénographes), Véronique Felenbok (directrice de production, comité de suivi des EGOFF), Jacques Frot (metteur en scène, comédien), Jean-François Gabillet (président du Festival de Coye-le-Forêt), Catherine Gandois (metteure en scène, comédienne), Marthe Gauducheau (directrice de production), Mathilde Gautry (co-directrice Théâtre La Scierie – Avignon), Jean-Paul Gautry (co-directeur Théâtre La Scierie – Avignon), Marion Gauvent (chargée de développement international, coprésidente de LAPAS – L’Association des Professionnels de l’Administration du Spectacle), Fabienne Govaerts (Directrice du Théâtre Au Verbe Fou – Avignon, coprésidente de la FTIA), Jean-Claude Grimal (Festival de Coye-la-Forêt), Steven Hearn (Scintillo), Mathieu Huot (metteur en scène), Irène Jacob (comédienne), Agnès Jaoui (comédienne, réalisatrice), Emmanuelle Jouan (directrice La Belle Seine St Denis / Théâtre de la Parenthèse – Avignon), Sébastien Jumel (député GDR de Seine-Maritime), Valérie Karsenti (comédienne), Pascal Keiser (président La Manufacture Collectif Contemporain – Avignon), Yannick Kerlogot (député LREM des Côtes-d’Armor), Jérôme Kircher (comédien), Delphine Lalizout (comédienne metteuse en scène), Pierre Lambert (Directeur Présence Pasteur – Avignon coprésident de la FTIA), Emmanuel Landier (metteur en scène), Michel Larive (député LFI de l’Ariège), Maxime Le Gall (comédien), Maël Le Goff (Comité directeur La Manufacture Collectif Contemporain – Avignon), Sandrine Le Metayer (metteuse en scène), Sophie-Anne Lecesne (comédienne, coprésidente de l’AAFA–Actrices & Acteurs de France Associés, coprésidente des EGOFF), Micheline Lelièvre (coprésidente des Chorégraphes Associé.e.s), Virginie Lemoine (autrice, comédienne, metteuse en scène), David Lescot (auteur, metteur en scène), Micha Lescot (comédien), David Levet (comédien, auteur), Pauline Mandelblat (chargée de production), Elise Massart (directrice du théâtre Paradise Republic – Avignon), Elsa Maupeu (chargée de développement, coprésidente du SYNAVI, Syndicat National des Arts Vivants, comité de suivi des EGOFF), Didier Mayemba (coprésident Chorégraphes Associé.e.s), Jean-Luc Mélenchon (député LFI des Bouches-du-Rhône), Fabrice Melquiot (auteur, metteur en scène), Corinne Merle (comédienne, autrice), David Nathanson (comédien, metteur en scène), Elise Noiraud (autrice, metteuse en scène, comédienne), Pierre Notte (auteur, metteur en scène), Sylvie Paligot-Grimal (Festival théâtral de Coye-la-Forêt), Mathilde Panot (députée LFI du Val-de-Marne), Marc Pauli (directeur adjoint La Belle Seine St Denis / Théâtre de la Parenthèse – Avignon), Camille Pawlotsky (metteuse en scène), Charles Petit (codirecteur théâtre Le Train Bleu – Avignon), Jean Petrement (Auteur, metteur en scène, comédien), Mickaël Perras (Directeur Atypik Théâtre – Avignon, coprésident de la FTIA), Colin Pitrat (administrateur, coprésident de LAPAS – L’Association des Professionnels de l’Administration du Spectacle), Loïc Prud’Homme (député LFI de Gironde), Adrien Quatennens (député LFI du Nord), Richard Ramos (député MODEM du Loiret), François Rancillac (metteur en scène), Jean-Hugues Raneton (député LFI de la Réunion), Pauline Remond (metteuse en scène), Odile Renaud (conseillère action artistique à l’Adami), Jean-Michel Ribes (auteur, metteur en scène, directeur du théâtre du Rond Point), Marcel Rogemont (conseiller départemental, ancien député PS d’Ille et Vilaine), Noémie Rosenblatt (metteuse en scène, comédienne), Aurélien Rondeau (codirecteur théâtre Le Train Bleu – Avignon), Eric Rouquette (auteur, metteur en scène), Véronique Royer (comédienne, autrice, metteuse en scène), Sabine Rubin (députée LFI de la Seine-Saint-Denis), Elsa Saladin (comédienne, metteuse en scène), Vanessa Sanchez (metteuse en scène), Lionel Sautet (comédien, metteur en scène), Magali Sautreuil (administratrice), Catherine Schaub (comédienne, metteuse en scène), Michel Scotto di Carlo (comédien, coprésident de l’AAFA-actrices acteurs de France associés), Thibault Sinay (Président de l’Union des Scénographes), Dany Toubiana (comédienne, metteuse en scène), Philippe Torreton (comédien, metteur en scène), Marie-Céline Tuvache (comédienne), Laurent Vacher (metteur en scène), Eric Verdin (auteur, metteur en scène, comédien, comité de suivi des EGOFF), Michèle Victory (députée SOC d’Ardèche), Tessa Volkine (comédienne, comité de suivi des EGOFF), Jacques Weber (comédien, réalisateur), Raymond Yana (directeur des théâtres avignonnais : Espace Alya, le Chapeau d’Ebène Théâtre, le Grand Petit Théâtre), Michel Zumkeller (député UDI du Territoire de Belfort).
Contact : eg.avignonoff@gmail.com