Olivier Sitruk
Co-Président
Depuis la création de l’AAFA, la question la plus récurrente entendue au sujet de l’association a été non pas “Pourquoi n’y a t’il pas eu d’association avant ?”, “Comment je peux aider ?” ou “Vous allez nous défendre ?”, mais “y a qui ?” suivie de près par “Vous allez servir à quoi ?”
Invariablement, ma réponse a été : “à rien” ; comme disait Ionesco “Si l’on ne comprend pas l’utilité de l’inutile, et l’inutilité de l’utile, on ne comprend pas l’Art”.
Évidemment, c’est une boutade ; depuis 3 mois, le Bureau et le Conseil d’Administration de l’AAFA ont, à travers la création de plusieurs commissions, comme par différentes rencontres officielles et officieuses, listé et commencé à définir les contours des revendications, et des réflexions qui nous préoccupent.
Tout ceci nous conforte dans l’utilité de cette magnifique utopie : imaginer toutes les actrices et les acteurs de France (cela veut dire travaillant en France) unis, forts et fiers. Unis pour être entendus. Forts pour être respectés. Fiers, enfin, d’exercer leur métier.
La première réflexion, qui est aussi une revendication, est d’arriver ensemble à trouver dans cette multitude d’intérêts individuels qui caractérise si bien notre profession, l’émergence de l’intérêt général. Nous devons être unis, pour que le regard du “Métier” sur nos propres métiers, le regard de la société civile ou encore celui du politique change et que cette victoire, encore une fois, soit notre fierté.
Frédéric Anscombre
Vice – Président
Mais quelle belle fête !
S’il existait encore quelques personnes pour s’interroger sur le besoin, la nécessité et l’envie de se rassembler, c’était sans doute là une des plus belles réponses à leur apporter.
Qu’il me soit donné de féliciter ici, et encore une fois, l’équipe qui a travaillé de main de maître à l’organisation et au bon déroulement de cet événement, que ce soit sur les préparatifs à long terme ou plus simplement pour ce petit coup de main de dernière minute toujours utile pour gérer les imprévus (ex : organiser un atelier collage en urgence vers 18h le jour de la fête avec 10 membres du CA appelés en renfort, après s’être rendu compte d’une petite erreur sur les 3000 tracts, pile poil sur l’adresse destinée aux envois des chèques d’adhésion ; nonobstant le responsable de l’erreur coule maintenant des jours heureux, quelques part entre le Quai de Javel et la Bibliothèque Nationale, par 20 mètres de fond, convenablement lesté).
Evidemment la promesse d’une fête, d’un open bar en début de soirée, de boules à facettes, de musique et de musiciens, sont autant d’arguments chocs pour rassembler facilement une profession mais les commentaires que nous avons recueillis, les adhésions en masse et, le terme n’est pas exagéré, l’enthousiasme avec lequel les personnes présentes ont soutenu notre association naissante,sont un motif légitime de satisfaction autant que d’appréhension tant la tâche est grande, l’attente en proportion et la peur de décevoir bien présente ; bref la pression est mise.
Notre cher Président (Nan pas celui là, le notre : Olivier) a déjà rappelé les raisons qui l’ont poussé à créer ce mouvement dans l’édito de la précédente newsletter, j’y ajouterai aujourd’hui une tentative d’explication sur l’existence de ces raisons. L’AAFA était présente lors des Rencontres Européennes de l’Adami à Metz les 2 et 3 avril dernier. L’une des conférences portait sur une analyse commanditée par cet organisme et faite par une quinzaine de jeunes à propos de leur vision de la culture, son accès, sa « consommation », suivie de leurs propositions pour améliorer ce qui, à leurs yeux, pouvait l’être.
Je passerai brièvement sur le constat de leurs habitudes (piratage, streaming, Hadopi-au-Pilori, etc.) ainsi que sur certaines de leur analyses (une des plus belles : « trop de films sortent, supprimons les aides au premier et/ou au deuxième film »-je cite-), mon propos n’étant pas de critiquer leurs propositions. Mais de faire ce constat effrayant, d’ailleurs clairement présenté par l’un des jeunes participants : la disparition de la valeur ajoutée liée à la création artistique.
Ces jeunes, notre futur donc, n’ont aucune notion de ce qui peut différencier un artiste d’un travailleur ou d’un artisan « traditionnel ». En conséquence de quoi, son travail peut donc être assimilé à n’importe quelle marchandise et traité en tant que tel, ni plus ni moins…
Cette lacune d’éducation, car c’est bien d’éducation qu’il s’agit, est, à mon sens, une des raisons majeures de nos maux, des transformations et nivellement par le bas de nos professions ; tant d’un point de vue du traitement humain que du traitement financier d’ailleurs.
Nous devons, par nos actes, nos revendications, nos actions, notre travail, notre éthique, réintroduire dans le débat la valeur ajoutée de la création artistique, sa rareté, sa richesse, ni plus ni moins.
“La société qui décidera de la mort de l’Art sera celle qui l’assumera au point de le rendre quotidien.”
Je vous laisse deviner l’auteur de cette phrase, le premier qui trouve gagne une adhésion d’un an à l’AAFA.
Tessa Volkine
Présidente
Nous sommes en décembre 2015, année qui commença dans la douleur et l’incompréhension des attentats du 7 janvier et qui se finit sur une même douleur et une même incompréhension pour les attentats du 13 novembre.
Nous devons nous battre avec nos propres armes, celles de la réflexion, de la solidarité, de la culture et de la lutte pacifique pour notre Métier, et à travers lui, pour notre Monde.
Ainsi que nous vous l’avons dit lors de notre première Assemblée Générale le 8 novembre, voici le chemin parcouru :
Le 7 septembre 2014, l’AAFA naissait. Nous avons créé cette association de toute pièce. Nous avons appréhendé semaine après semaine la difficulté de partir de zéro. Nous avons appris à nous connaître, à travailler ensemble, à accepter nos différents points de vue, à mettre en commun nos énergies, et tout cela a pris du temps !…
Nous avons organisé des commissions de réflexion dont certaines fonctionnent très bien. Nous avons rencontré de nombreuses Associations et plusieurs de nos Institutions.
Nous avons trouvé à chaque fois une oreille attentive, nous avons réalisé que notre association, l’AAFA était attendue, et formidablement utile.
Nous avons planté une graine, et nous pouvons tous nous sentir fiers d’avoir planté cette graine que tout le monde regarde grandir.
Mais nous avons aussi pris conscience que le plus important pour l’AAFA était de fédérer…
Toutes nos actions doivent tendre vers cela, car quand nous serons mille, deux mille, quand l’AAFA aura des antennes dans toute la France, nous serons alors une vraie force, force de lutte contre les maltraitances qu’il nous arrive de rencontrer, force contre les injustices et les abus de tout genre, et surtout force de propositions.
Alors, parlons de l’AAFA à tous les comédiens que nous rencontrons, et si chacun d’entre nous fait au cours de la nouvelle année à venir juste deux adhésions, dans un an, nous serons plus de six cents… Ce serait bon, non ?!!!
Bonnes fêtes de fin d’Année !