À l’initiative de l’AAFA-Agents/Castings, des rencontres avec des représentants de L’ARDA et du SFAAL ont débuté dans le courant de l’année passée.
Devant le constat partagé et regretté par tous, de la dégradation des conditions de travail au sens large, et des frustrations, ressentiments ou colères parfois, que cela a engendré, et devant l’évidence de la nécessité, d’une part d’un dialogue renouvelé et régulier entre toutes les parties, et d’autre part de réfléchir et d’agir ensemble aux moyens d’améliorer les choses, un groupe de travail a été créé. Ce groupe réunit 2 ou 3 représentants de chaque organisation.
Une première réunion a eu lieu, dont le thème était le rdv de casting.
« On ne se rencontre plus et on ne se parle plus » en ont été les maître-mots.
Les agents se plaignent de ne plus rencontrer les rda et de ne plus leur parler directement ; l’essentiel des échanges se fait par courriel et ôte les possibilités de propositions que l’agent avait il y a quelque temps.
De son côté, la membre de l’ARDA regrette de ne pas avoir de lieu pour rencontrer les comédiens-ennes en dehors des castings.
Comme le faisait Bernard Riou de l’ex-ANPE, elle aimerait proposer des ½ journées de rencontres avec les comédiens-ennes, mais elle ne trouve pas d’interlocuteur privilégié dans la nouvelle structure Pôle-Emploi.
Une des conséquences des réductions de budget et de temps alloués pour la préparation des distributions, est que les RDA reviennent trop souvent vers les mêmes actrices-teurs. C’est la raison pour laquelle les membres de l’ARDA sont désireux de partager entre eux leurs coups de cœur, et créer ainsi une sorte de fichier qu’ils pourraient consulter et agrandir régulièrement.
Ceci pourrait se faire à travers des rencontres d’une demi-journée, suivant l’exemple de B. Riou, où deux ou trois rda seraient présents.
Depuis cette réunion, le délégué général du SFAAL a pris contact avec le CNC, et obtenu un financement pour l’organisation de ces rencontres; nous réfléchissons désormais aux conditions précises
de leur mise en place (nombre d’actrices-teurs, de rda, lieu, fréquence, etc..).
La directrice de casting présente reconnaît que ses conditions de travail sont compliquées avec un certain nombre de production ; outre les délais très courts alloués au casting (1 semaine pour réfléchir et trouver deux premiers rôles, par exemple), les conditions dans lesquelles elle exerce son métier sont souvent mauvaises : local exigu et inadapté à des essais filmés (lumière de bureau, sans isolation phonique..), absence de caméra que les rda
doivent fournir eux-mêmes.
Le SFAAL (appuyé par l’AAFA) regrette qu’il n’y ait pas de retours, notamment artistiques, après les essais, surtout quand l’actrice-teur n’a pas été choisi-e.
Le SFAAL soulève une question importante pour le travail à long terme : les nouveaux rda ne fonctionnent qu’avec les smartphones et dans l’urgence, auront-ils le désir et l’envie de prendre le temps de rencontrer les actrices-teurs ? L’AAFA poursuit sur ce sujet en demandant si les agents ont remarqué une progression des castings en « self-tape » et ce qu’ils en pensent? (les actrices-teurs doivent se filmer eux-mêmes et envoyer leurs essais via internet).
Pour le SFAAL, il est évident que ces procédés délitent encore plus les liens entre les parties, les résultats sont souvent médiocres, car l’actrice-teur, n’étant pas dirigé-e, est laissé-e à sa seule appréciation et compréhension du texte des essais et peut prendre de mauvaise options de jeu.
Les rdv sur des plateformes comme skype permettent eux, des échanges directs avec la ou le rda.
L’absence des réalisatrices-teurs a été évoquée; elle est le plus souvent due aux temps de préparation trop courts qui les empêchent d’être là aux premiers tours des essais, mais également pour certaines et certains à la « peur » que les agents leur inspirent (non-tansmission des scénarios aux actrices-teurs qu’ils aimeraient rencontrés..). Sur ce sujet, un certain nombre de rda préfère que les réalisatrices-teurs ne soient pas là ; ils ont remarqué, par expérience, que leur présence ne leur permet pas de proposer des actrices-teurs auxquels-elles ils ou elles n’auraient pas pensé, ou qu’elles ou ils ne connaissent pas. Leur absence offre à ces rda une plus grande liberté de proposition.
Les personnes présentes ont répété que c’était notre intérêt commun que de s’atteler à enrayer la dégradation des conditions d’exercice de ce moment particulier qu’est le rendez-vous avec la ou le RDA ; il nous faudra pour cela définir de nouvelles pratiques de travail et de relation. C’est forts de cette exigence, et parce que nous aurons travaillé ensemble, que nous pourrons, ensemble également, présenter nos requêtes aux membres de l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) et aux directrices-teurs de fiction des diffuseurs.
SFAAL : Syndicat français des agents artistiques et littéraires
ARDA : Association des responsables de distributions artistiques.
RDA : Responsable de distribution artistique