Édition 2024 du baromètre AAFA-Tunnel de la comédienne de 50 ans
Comptage des rôles dans les films français de 2023
Les femmes ne vieillissent toujours pas, elles disparaissent des écrans !
AAFA-Tunnel de la Comédienne de 50 ans est l’une des commissions de l’AAFA – Actrices & Acteurs de France Associés. Elle combat les stéréotypes sexistes liés à l’âge des femmes présents dans les fictions, questionne le phénomène d’invisibilité, et brise l’omerta.
Pour compter, il faut se compter ! Depuis 2015, nous éditons donc notre baromètre : le comptage des rôles par genre et par tranche d’âge dans les films français.
Neuf ans plus tard, les chiffres ont-ils évolué ? Réponse : NON !
Quelle est la place des femmes de plus de 50 ans dans les films français ?
Aujourd’hui en France, 1 femme majeure sur 2 a plus de 50 ans. Et 1 personne majeure sur 4 est une femme de plus de 50 ans (source Insee). Et pourtant… on leur attribue moins d’1 rôle sur 10 dans les longs-métrages de fiction.
En effet, sur l’ensemble des films français sortis en 2023, seuls 9 % des rôles ont été attribués à des comédiennes de plus de 50 ans.
En 2021, c’était 7 % ; en 2020, 9 % ; en 2019, 8% ; en 2016, 6% ; et en 2015, 8 %. Autant dire que rien ne bouge.
Tous âges confondus, les femmes sont moins présentes à l’écran que les hommes (39 % des rôles versus 61 %). Mais passé 50 ans, elles subissent une franche discrimination, avec 2 fois moins de rôles pour des femmes que pour des hommes du même âge.
À l’inverse, en ce qui concerne les hommes de plus de 50 ans, on constate une représentativité à l’écran très proche de leur poids réel dans la population française (1 personne sur 4 dans la société et 1 rôle sur 5 au cinéma).
Les réalisatrices changent-elles la donne ? Réponse : non.
Avec seulement 2 points d’écart constatés par rapport aux films réalisés par des hommes, les réalisatrices ne réservent pas une place plus importante aux femmes de plus de 50 ans dans leurs films.
Quelle évolution constate-t-on depuis le début du baromètre ?
Si l’on observe une évolution positive du nombre de rôles pour les plus de 50 ans, avec une hausse de 5 points par rapport à 2021 (28 % des rôles en 2023), les chiffres restent malheureusement stables pour ce qui est de la comparaison hommes-femmes.
Dans cette évolution qui profite d’abord aux hommes, il reste toujours aussi difficile pour les femmes de trouver leur juste représentation à l’écran, et encore plus quand elles avancent en âge.
Les femmes ne vieillissent toujours pas, elles disparaissent des écrans !
En 2023 le cinéma français semble toujours illustrer ce que Françoise Héritier a nommé « la valence différentielle des sexes » et que Susan Sontag a désigné comme « le double standard ». Sexisme ET âgisme sont bien présents sur nos écrans.
À l’heure où éclatent de toutes parts les scandales #Metoo, nous ne le répéterons jamais assez : questionner la représentation des femmes de plus 50 ans dans les fictions, c’est aussi questionner les rapports de domination entre hommes et femmes. Car ce sont les mêmes mécanismes sexistes à l’œuvre qui objétisent les femmes jeunes au cinéma et les font disparaître des écrans lorsqu’elles ont passé 50 ans. Deux faces de la même médaille.
Les fictions, au-delà d’être des objets artistiques, véhiculent des normes, transmettent des valeurs, proposent des modèles qui influencent notre perception du monde et construisent notre inconscient collectif. Invisibles à l’image, les femmes de plus de 50 ans disparaissent de l’imaginaire collectif.
Que nous dit une société qui se raconte en évinçant de ses histoires les femmes de plus de 50 ans, à l’âge de leur puissance et de leur maturité ?
Qui n’est pas représentée n’existe pas.
Rendre visibles les femmes de plus de 50 ans dans les fictions est un enjeu de société !